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Régimes politiques: ni gauche, ni droite?

Par Jean-Daniel Delley

La dernière livraison du Baromètre politique français 2006-2007, une enquête commandée par le Centre d’étude sur la vie politique française (CEVIPOF) et le Ministère de l’intérieur et réalisée par l’Ifop, livre une information fort intéressante. A la question de savoir en qui elles ont confiance pour gouverner le pays, 19% des personnes interrogées optent pour la gauche, 17% pour la droite, alors que 63% ne font confiance ni à  l’une ni à  l’autre. Ce résultat ne peut que conforter François Bayrou dans son projet de casser la bipolarisation qui domine et paralyse la vie politique française. Malheureusement pour lui, les règles du système majoritaire ne laissent guère de place à  ce projet et le corps électoral se verra contraint à  faire un choix ne reflétant pas ses préférences; une situation bien peu satisfaisante.

Ceux qui rêvent, en Suisse, de majorités plus claires, d’alternance et de choix tranchés, devraient y réfléchir à  deux fois. Ici non seulement les citoyennes et les citoyens peuvent exprimer de manière plus nuancée leurs préférences partisanes grâce au scrutin proportionnel. Mais ils ont encore la possibilité de corriger les décisions de leurs élus grâce au référendum et, par le biais de l’initiative populaire, d’imposer des décisions que ces derniers se refusent à  prendre.

Produit d’exportation? Peut-être pas. Mais loin d’être un modèle dépassé, le régime politique helvétique se révèle d’une surprenante modernité, mieux adapté à  la complexité des sociétés contemporaines que la bipolarité simpliste à  laquelle conduisent nombre de régimes parlementaires.

3 commentaires

  1. 8 février 2007

    Tous les Suisses ne sont pas des inconditionnels de la démocratie directe. On peut être exaspéré par la lenteur des processus de décision, qui ont cependant l’avantage d’être plus stables. Avec des exceptions. L’heure d’été a été introduite une ou deux années après que le peuple avait voté contre suite à  un référendum. Le peuple a laissé faire.

    Mais on atteint les limites de la démocratie quand on doit voter sur des sujets que l’on ne maîtrise pas, et que, ce faisant, on rend inutile la fonction des parlementaires.

    La démocratie directe vide les programmes politiques de toute signification. Dans les années 1980, les citoyens genevois ont refusé dans un référendum trois mesures que les candidats avaient annoncé qu’ils les prendraient une fois élus au gouvernement. A quoi bon mettre des gens au pouvoir si c’est pour les empêcher de l’exercer?

  2. Jean-Daniel Delley
    8 février 2007

    C’est vrai, l’exercice de la démocratie suppose des citoyennes et citoyens éclairés et informés. A cet égard les données disponibles justifient un certain optimisme. Je ne suis d’ailleurs pas certain que tous les députés disposent de compétences plus élevées que la moyenne des votants. Démocratie directe ou représentative, quelle est la signification des programmes des partis et des candidats ? Attirer le chaland, puis les profondeurs de l’oubli ! Quand je vote pour un candidat ou un parti, je n’adhère pas forcément à  l’entier de son programme et de son action politique. Mon choix est plus souvent par défaut que par adhésion globale. D’où l’intérêt des instruments de démocratie directe qui permettent de diverger ponctuellement.

  3. gauthier
    8 février 2007

    Malgré ses nombreux atouts, la démocratie directe suisse arrive souvent à  ses limites. Lorsqu’il s’agit de projets clairs, sur des sujets dit de « société »: asile, drogue, armée, Europe OK. Mais dès que l’on touche à  des sujets très techniques du genre: financement des retraites, peréquation fiscale, caisse maladie unique (dont on ne dit rien clairement sur le financement) etc. là , le citoyen lambda est complètement largué et il se demande pouquoi il a élu des hommes ou des femmes politiques sensés gérer ces problèmes. L’exemple de la fiscalité est particulièrement criant sur le plan de la politique cantonale genevoise. Il est évident que tous les citoyens sont contre des hausses d’impôts mais lorsqu’il s’agit de faire des économies c’est en général chez le voisin qu’il faut en faire. Résultats: des finances cantonales à  vau-l’eau, sans que des politiques osent prendre leurs responsabilités. Certes la démocratie directe a un côté mythique mais quand on en use et on en abuse elle débouche parfois sur du « n’importe quoi ».

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