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Outreau, chronique d’une erreur judiciaire annoncée

Par Alex Dépraz

Toute la République s’est confondue en excuses pour les innocentés d’Outreau. Sur l’air des lampions, tout le monde désigne le juge d’instruction comme le coupable désigné. Y compris le Président de la République qui à  ce titre préside le Conseil de la magistrature, chargé de sanctionner le cas échéant le magistrat (sans doute pour donner l’exemple d’impartialité ?!).

Or, comme le rappelle dans un texte courageux un autre magistrat dans Libération aujourd’hui, l’erreur judiciaire d’Outreau est avant tout le résultat d’une politique criminelle. On ne prône pas la tolérance zéro et l’application du principe de précaution en matière pénale sans causer ce genre de « dommages collatéraux ».

Ce texte vient aussi rappeler une évidence. L’institution judiciaire n’est pas dans une tour d’ivoire à  l’abri des influences de l’air du temps. Si l’opinion publique réclame sévérité et intolérance, elle risque fort de suivre. De quoi retourner quatre fois sa langue dans sa bouche avant de crier au complot pédophile, de sacraliser la parole des victimes et de mettre au ban de la société les récidivistes…

P.S. Pour les autres commentaires de la blogosphère, je me contente de renvoyer à  Paxatagore, qui y consacre de nombreux billets dont celui-ci me paraît rejoindre l’analyse du Président Coujard dans Libération: l’affaire d’Outreau est hélas tout sauf exceptionnelle.

PS du 9.12.2005 : Daniel Schneidermann rappelle à  juste titre dans Libération d’aujourd’hui que le désastre (et non pas l’erreur comme le souligne à  juste titre François, les accusés n’ayant jamais été condamnés définitivement, au contraire d’un Dils par exemple) que le désastre judiciaire donc est la conjonction d’une pression médiatique dans les affaires de moeurs (toujours présente, en tout cas à  l’état léthargique) et de pratiques judiciaires généralisées.

Un commentaire

  1. 6 décembre 2005

    Juste une réserve sur le terme « erreur judiciaire »: en l’occurrence elle a été évitée, in extremis… Mais c’est vrai que la perfection n’est pas de ce monde: si le système français est trop orienté vers la recherche d’un coupable à  tout prix (la conviction du tribunal suffit et l’audience est bien davantage orientée sur la psychologie que sur la criminologie), le système anglais présente trop d’exemples où il conduit à  l’acquittement de coupables (et en amont à  l’absence de poursuites, faute pour le Crown Prosecution Service de détenir des preuves irréfutables) — mais il serait naïf de s’en réjouir: cela a simplement conduit par le passé les enquêteurs à  « fabriquer » des preuves, parfois contre un innocent mais aussi à  l’encontre de coupables… qui ont ensuite été dûment acquittés lorsque la falsification est apparue.

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