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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Elections genevoises

Déférant a la pressante demande de notre lectorat étranger avide d’exotisme, je mets encore en ligne une galerie d’affiches consacrée a l’élection du Parlement de la République et Canton de Genève (moins de 450’000 habitants), appelé Grand Conseil, et qui compte 100 députés. Le vote est déja en cours, le résultat sera proclamé le dimanche 9 octobre (en général le résultat définitif et nominatif n’est connu que le lundi matin). Un mois plus tard, ce sera l’élection du Gouvernement, appelé Conseil d’Etat et dont les sept membres sont donc des conseillers d’Etat (les candidats sont en tête de leur liste pour l’élection parlementaire, et leur résultat nominatif peut aussi donner une indication intéressante, particulièrement pour les sortants).

L’élection au Grand Conseil a lieu au système proportionnel (je vous fais grâce des délices de la méthode Hagenbach-Bischof qui préside au décompte), tempéré par un quorum assez élevé de 7%. Selon un système qui devrait légitimement faire la fierté des Suisses, ce n’est pas un pur scrutin de liste dans lequel les élus sont déterminés par les état-majors qui ont placé les candidats dans un certain ordre: un bulletin de vote vaut 100 suffrages à  la proportionnelle, mais le décompte nominatif est opéré à  part pour déterminer qui occupe les sièges; et l’électeur peut biffer des noms sur le bulletin de son parti de prédilection, et inscrire des candidats d’un autre, qui bénéficie alors d’autant de suffrages pour la proportionnelle. Fin de la minute des geeks de l’arithmétique électorale.

Politiquement, la majorité du canton est à  droite (la gauche a 43 députés et 3 conseillers d’Etat, deux Socialistes et un Vert), alors que la ville-centre et les autres communes urbaines sont à  majorité de gauche. Au demeurant, notre droite est assez chiraquienne, plutôt que thatchérienne (même si ce n’est évidemment pas ce que mon parti, le PS, proclame — et que sans doute le PS français ne voit pas la différence). Pendant plus d’un siècle, il y avait un parti dominant, le parti Radical (aujourd’hui au bord de la disparition), avec sur ses ailes de petites formations occupant leurs niches (au sens du marketing). Aujourd’hui, le système s’articule autour d’un pôle de droite dominé par les Libéraux (avec les Radicaux et les Démocrates-Chrétiens et, tenue a distance, l’Union Démocratique du Centre et ses 11 sièges) et un pôle de gauche que les Socialistes peinent a dominer (avec l’Alliance de Gauche et les Verts) en raison du traditionnel complexe d’infériorité des sociaux-démocrates face à  la surenchère.

La chute du Mur de Berlin s’est d’ailleurs traduite a Genève par l’effacement du Parti du Travail (PC) et la réinvention de la « fonction tribunicienne » dans une structure nouvelle qui a également permis aux trotskystes (la principale composante du mouvement SolidaritéS) d’émerger après s’y être fondus, comme à  des dissidents du PS de les rejoindre: l’Alliance de Gauche. L’un des enjeux de l’élection de cette année est qu’elle a éclaté en deux listes concurrentes: franchiront-elles toutes les deux le quorum de 7%, ou seulement l’une des deux et laquelle, voire aucune? Sur le plan graphique, elles jouent curieusement a front renversé: c’est la liste rouge-brune de Christian Grobet et des ex-communistes qui a une superbe affiche du dessinateur Aloys, alors que l’affiche de la nouvelle gauche en mouvement est à  pleurer. Nous avons de surcroît cette année une quatrième gauche a l’enseigne de « Les Communistes« : elle doit plus au rétro-chic de l‘Ostalgie et au marxisme tendance Groucho qu’a Lénine, mais elle va bien stériliser quelques suffrages…

A droite, on en a un pendant avec le Mouvement Citoyens Genevois, avatar 2005 d’une formation populiste récurrente dans la politique locale depuis les années 30. L’image nationale de l’UDC, avec Christoph Blocher, lui avait permis il y a 4 ans de capter cet électorat.

Alors, la majorité va-t-elle rester a droite ou va-t-elle basculer a gauche? Les Verts placeront-ils un deuxième des leurs au gouvernement au côté des trois sortants? Et les Radicaux gagneront-ils un sursis, au Grand Conseil et en retrouvant un siège a l’exécutif dont ils ne font plus partie depuis 4 ans? Réponse le 9 octobre et le 13 novembre! Au demeurant, les instruments de la démocratie directe veillent a empêcher l’un ou l’autre camp de réaliser tous ses caprices, et obligent les élus a privilégier la voie de la coopération sur celle de la confrontation…

Sur ce, je vous laisse aux bons soins de Guillaume et, peut-être, des marmitons intermittents: nous partons ce tantôt marcher en Corse, je ne pense pas surfer et bloguer souvent dans les 15 prochains jours!

Billet mis en ligne le 13 octobre, et galerie de photos le 14, suite à  une panne malencontreuse! Voir ici pour les résultats et commentaires. Si on peut dire que j’avais assez bien vu le rôle fatal que pouvait jouer la liste « Les Communistes » (1,22% des suffrages: cela rappelle le candidat socialiste en Floride qui a récolté plus de voix qu’il n’en a manqué à  John Kerry contre George W. Bush…) pour les deux listes concurrentes de l’Alliance de Gauche, je me suis en revanche lourdement trompé sur le MCG: il a franchi le quorum sans problème, et l’UDC se maintient intégralement!