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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Quel est le taux de diversité ethnique de votre quartier? Et votre taux idéal?

Toute discussion sur la diversité entre les personnes dans un groupe ou une population donnée est évidemment bourrée de chausse-trappes, entre a priori et procès d’intention, chantres de l’homogénéité, du métissage ou du multiculturalisme comme valeurs en soi et — surtout — complexité des concepts et des données utilisées[1]. Ce préambule effectué, j’aimerais signaler une étude réalisée à  partir du recensement britannique de 2001 qui établit une carte de la diversité ethnique répondant à  la question: quelle est la chance que deux personnes prises au hasard (dans la rue, dans le bus) ne soient pas de la même origine? Réponse: 85% à  Brent (un arrondissement de Londres composé de 29% de blancs britanniques et 9% de blancs d’autres origines, 18% d’indiens, 10% de noirs caraïbes et 8% de noirs africains), 1% à  Sedgefield, dans le nord de l’Angleterre[2] [3].

L’étude illustre aussi que là  où l’indice de diversité est plus faible, la population peut être blanche d’origine britannique, évidemment, mais pas seulement. Dans une ville comme Bradford, à  diversité globale forte, un quartier peut être très majoritairement blanc et un autre très majoritairement pakistanais.

L’étude aborde aussi le volet religieux: après les chrétiens[4], les musulmans sont les plus nombreux (1,6 million, dont plus de 63’000 blancs) et les plus divers ethniquement (pakistanais, bengalis, indiens, noirs africains et blancs). Et elle se prête à  bien d’autres analyses, par rapport au taux de chômage par exemple.

La présentation du Times paraît la plus complète, voir aussi le Daily Telegraph, le Guardian ou la BBC.

Ou le site de l’Office national de la statistique, où tout peut être téléchargé gratuitement!

COMPLEMENT DE 23H20: Bon, mais la vraie question sous-jacente, politiquement incorrecte même si elle nettement distincte de celle dite du « seuil de tolérance », est la suivante: quel est l’indice de diversité souhaitable? Et la moyenne qu’il représente, est-il préférable de l’atteindre avec un groupe nettement majoritaire et plusieurs groupes nettement minoritaires, ou travers d’une dispersion harmonieuse entre groupes égaux, tous minoritaires?

C’est le genre de question que pourrait se poser aussi le propriétaire d’un immeuble (un office HLM) ou un employeur (un manager cherchant à  composer une équipe optimale), si cela ne contrevenait à  l’égalitarisme aveugle des principes anti-discriminatoires, qui finissent par reproduire ce qu’ils cherchent à  éviter.

Cela se complique encore si l’on tient compte qu’il y a des aspirations diverses: jeunes ou vieux, célibataires, couples sans enfants ou familles (eux aussi à  mélanger au taux adéquat). Une cité universitaire doit probablement viser à  la diversité maximale, mais il y a aussi les personnalités fragiles qui ont besoin d’homogénéité: je pense à  ce jeu sadique que pratiquaient des gardiens de prison et dont est mort un détenu, en enfermant dans une même cellule un raciste pathologique et un homme d’une autre origine.

Tout dépend évidemment des buts que l’on se donne, des préconceptions que l’on peut avoir: je poserais, par exemple, que l’homogénéité complète est une mauvaise chose, génératrice et de méfiance à  l’égard de ce qui est différent et d’appauvrissement de l’esprit, mais que la « dispersion harmonieuse » peut aussi être une atomisation, une perte de repères, aboutissant davantage à  l’ignorance d’autrui qu’à  l’enrichissement par la différence. Mon idéal serait une majorité non hégémonique, donc contrainte à  s’ouvrir, et des minorités sachant où elles sont (et il y a aussi des blancs prêts à  vivre dans un quartier bengali, jamaïcain ou vietnamien). Naïf?

Notes

[1] Un exemple: entre le Royaume-Uni et la Suisse, une comparaison des pourcentages de ressortissants nationaux et d’étrangers rend compte d’une situation assez différente dans la mesure où la nationalité britannique s’obtient facilement après 6 ans seulement; mais elle traduit tout de même une différence légale qui a un effet social: un étranger en Suisse depuis 12 ans, ce n’est pas la même chose qu’un Britannique naturalisé depuis 6 ans… Et si en Suisse, contrairement à  la France, ce genre d’étude n’est pas tabou, on préfère s’en tenir au critère formel de la nationalité plutôt que celui de l’origine ethnique (annoncée, et que l’on soit ressortissant ou étranger) qui ne pose pas d’état d’âme aux Anglo-Saxons.

[2] La circonscription de Tony Blair, ce qui est assez ironique par rapport à  l’image de la Grande-Bretagne comme un pays jeune et qui glorifie la diversité ethnique associée au New Labour.

[3] Ce « taux de diversité » est manifestement une trouvaille de vulgarisation, surtout. Car en fait c’est une moyenne, le vrai taux de diversité varie selon le groupe: il est de quasiment 100% pour les rares représentants de la minorité ethnique de Sedgefield, et plus élevé pour les noirs africains de Brent que pour les blancs britanniques.

[4] La distinction entre catholiques et protestants semble retenir nettement moins l’intérêt ici qu’en Suisse ou à  Genève… 😉